FICTION ARABE : 6 auteurs à suivre

Six auteurs en lice pour le Prix international de la fiction arabe

Choisis parmi 101 auteurs de 15 pays différents, six écrivains figurent dans la sélection du 5e Prix international de la fiction arabe, qui vient d’être rendue publique lors d’une conférence de presse au Caire. Le prix sera décerné dimanche 27 mars, lors de la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi.

Lancé pour porter les voix du monde arabe à l’international, le prix comprend plus de 39 000 € pour le lauréat, dont l’œuvre sera traduite en anglais, et 8000€ pour chacun des finalistes.

Les 6 auteurs sélectionnés sont :

1/ Le Libanais Jabbour Douaihy pour son livre The Vagrant (Dar al-Nhar ). Ses précédents romans, Pluie de juin et Rose fountain motel sont édités chez Actes Sud ;

Jabbour Douaihy est né en 1949 à Zhgorta (Nord-Liban). Professeur de littérature française à l’université libanaise de Tripoli, traducteur et critique à L’Orient littéraire, il compte parmi les grands acteurs culturels du pays. Trois de ses romans ont déjà été traduits en français, Equinoxe d’automne (AMAM-Presses du Mirail, Toulouse, 2000), Rose Fountain Motel (Actes Sud, 2009) et Pluie de juin (Actes Sud 2010).

The Vagrant décrit la guerre civile libanaise, à travers les yeux d’un jeune homme lui même déraciné par le conflit. Le héros incarne et symbolise les tensions qui parcourent la société libanaise d’aujourd’hui et les clivages entre les différentes idéologies ou religions.

2/ Le Libanais Rabee Jaber pour son livre The Druze of Belgrade (Al-Markez al-Thaqafi al-Arabi). Son précédent roman Bérytus, une ville sous terre a été traduit en français chez Gallimard

Rabee Jaber est né en 1972 à Beyrouth. Il est rédacteur en chef du supplément culturel du journal Al-Hayat et a publié quinze romans depuis 1992. La publication de Berytus, une ville sous terre constitue la première traduction en français de son œuvre.

The Druze of Belgrade : suite à la guerre civile et aux massacres des Druzes au Mont Liban dans la deuxième partie du XIXème siècle, nombreux combattants druzes doivent s’exiler. Ils naviguent jusqu’à Belgrade, à la frontière de l’empire Ottoman de l’époque et emmènent dans leur voyage, un chrétien prénommé Hana Yaaqub. Ce dernier, vendeur d’œufs, se trouvait par malchance assis sur la jetée du port. Nous suivons ses aventures dans les Balkans et sa bataille pour la survie.

3/ L’Egyptien Ezzedine Choukri Fishere pour son livre Embrace on Brooklyn Bridge (Dar al-Ain).

Ezzedine Choukri Fishere  est Professeur de politique internationale à l’Université américaine du Caire et ancien conseiller du ministre égyptien des Affaires étrangères. Il a également été conseiller du coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.

Embrace on Brooklyn Bridge est un roman choral centré autour d’un héros qui souffre de ne pas s’appartenir. Tout le roman tourne d’ailleurs autour de ce thème de l’aliénation. Le héros ne s’appartient pas, son épouse est tiraillée entre sa vie professionnelle et son mari, son fils ne communique pas avec lui, sa petite-fille en pleine crise existentielle, son ami égyptien qui découvre qu’il ne comprend ni son épouse ni ses enfants. Tous ces personnages sont liés par leur relation avec le protagoniste principal de l’histoire qui les réunit tous à l’occasion d’une fête d’anniversaire organisée pour sa petite fille. Le héros souhaite à l’occasion de cette fête annoncer de tristes nouvelles.

4/Nasser Iraq, Egyptien, et son livre Le chômeur (Al-Dar al-Masriya al-Lubnaniya et).

Mohammed vit au Caire. Il a la trentaine – et pas de travail. En désespoir de cause, il part tenter sa chance à Dubaï. En cela, son sort n’est guère différent de celui de centaines de milliers d’émigrés qui quittent chaque année l’Égypte pour les pays du Golfe ou des contrées plus lointaines. Mais le jeune homme, narrateur du troisième roman de l’écrivain égyptien Nasser Iraq, va vivre là une situation encore plus angoissante : dans l’univers cosmopolite de l’émirat, il est assailli par toutes les contradictions de son existence.

Le chômeur est un roman « tout à la fois policier, romantique, érotique et politique », explique le poète et écrivain égyptien Ahmad Fadel Shabloul sur le site Middle East Online. Son titre joue sur les sens multiples que revêt en arabe le mot atel : signifiant en général « chômeur », il peut aussi désigner celui qui est « en panne » – en l’occurrence sexuelle. Mohammed, qui a désormais un emploi, est en effet incapable d’honorer ses conquêtes successives – une Marocaine, une Russe, une Chinoise et une Égyptienne. Comme si l’oisiveté forcée qui empoisonnait auparavant sa vie venait le poursuivre jusque dans l’intimité. Son impuissance oblige le narrateur à une douloureuse intro­spection. Sa vie, constate-t-il, n’est que frustration. « Trente ans, et je n’ai pas écrit un seul mot d’amour à une fille… Trente ans d’errance sans rêver du visage d’une amoureuse. » Au moment où il croit avoir enfin trouvé l’amour avec une compatriote émigrée, le jeune homme est accusé de meurtre, et se trouve une nouvelle fois dans l’impasse.

« Le héros avance dans un enchevêtrement d’événements qui sont surtout prétexte à plonger dans la psychologie de personnages aux destins tourmentés », souligne Shabloul. Quelques séances de psychanalyse révéleront que Mohammed souffre d’avoir été élevé par un père tyrannique, et qu’il est resté marqué par les brimades d’un frère dominateur. C’est finalement l’écriture de cette chronique émaillée de flash-backs qui lui permettra de surmonter la crise. En prenant la plume, il accepte enfin de regarder en face « ses déceptions, ses échecs et ses défaites ». Ce faisant, il dresse un troublant parallèle entre son existence et le destin de son pays : ses trente ans de vie correspondent à peu près à la durée du règne de Hosni Moubarak (de 1981 à 2011). Un règne souvent évoqué au fil des pages par un personnage de journaliste révolutionnaire qui donne des accents prophétiques à ce roman paru quelques mois avant la chute du Raïs. « En utilisant le symbole sexuel pour exprimer l’impuissance politique », note Shabloul, Nasser Iraq donne un autre sens aux « pannes » du « chômeur ».

5/Bashir Mufti, Algérien, et son livre Toy of Fire (Al-Ikhtilef),

Bashir Mufti est un écrivain et journaliste, né en 1969 à Alger. Plusieurs de ses nouvelles ont déjà été publiées, notamment Archipelago of Flies (2000); Witness of the Darkness (2002); Perfumes of the Mirage (2005); Trees of the Resurrection (2007) et Maps of Nightly Passion (2009). Certaines sont également parues en langue française. Il écrit régulièrememnt des articles pour des journaux arabes et travaille pour le programme culturel Maqamat de la télévision algérienne

Toy of Fire est l’histoire de la rencontre entre le romancier et un personnage mystérieux, Rada Shawish qui lui présente son autobiographie sous forme de manuscrit. L’obsession de Rada Shawish a toujours été de ne pas terminer comme son père, activitiste de l’ombre qui a fini par se suicider. Mais les circonstances en ont décidé autrement et rada Shawish est devenu un dirigeant influent d’un groupe poitique secret.

6/Habib Selmi, Tunisien et son livre The Women of al-Basatin (Dar al-Adab),

Né à al-’Ala en Tunisie en 1951, Habib Selmi a écrit également Les humeurs de Marie-Claire, La nuit de l’étranger, Les amoureux de Bayya et Le Mont-des-Chèvres, édités chez Actes Sud pour les deux premiers et par Sindbad pour les deux autres. Il vit à Paris depuis 1985.

The Women of Al-Basatin est un portrait intimiste de la vie quotidienne d’une famille modeste qui habite à Al-Basatin, un quartier de Tunis. A travers l’histoire de cette famille matriarcale, l’auteur décrit les contradictions qui secouent la société tunisienne, tiraillée entre traditions religieuses et modernité.

Et un auteur que nous affectionnons tout particulièrement à Best-seller to Box-office, Zena el Khalil. Elle ne fait pas parti de la sélection mais son dernier titre Beirut, I love you a déjà été vendu en Angleterre, Espagne, Brésil, Suède, Italie, Allemagne et aux Etats-Unis.

Beirut, I love you n’est pas un roman mais plutôt un mémoire. L’auteure y parle de son amour pour Beyrouth, sa ville, aussi folle qu’imprévisible mais pleine de joie de vivre. Zena el Khalil possède plusieurs cordes à son arc. C’est une artiste d’art visuel, un écrivain ; elle a rédigé un blog pendant la guerre qui s’est déroulée à l’été 2006, blog qui a été activement suivi par The Guardian en Angleterre et Der Spiegel en Allemagne. Elle écrit depuis sur sa vie et son histoire d’amour avec sa ville aux multiples facettes. Elle est membre de la prestigieuse association TED et intervient également au Nobel Peace Center en Norvège.

Les droits audiovisuels de Beirut, I love you ont été optionnés par la maison de production Vivo Film qui a connu le succès récemment avec Le Quattro Volte.

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