Créé en 1985, le Prix du Meilleur Thriller allemand de l’année (Krimi Preis), décerné chaque année en janvier par un jury de personnalités illustres, est sans aucun doute aujourd’hui le plus prestigieux outre-Rhin.

Cette 28ème édition a couronné Mechthild Bormann (Wer das Schweigen bricht), Friedrich Ani (Süden), Elisabeth Hermann (Zeugin der Toten).

Aucun de ces trois titres n’est actuellement disponible en français ou en anglais.

Premier prix : Wer das Schweigen bricht (celui qui rompt le silence) de Mechtild Borrmann, 224 pages, paru chez Pendragon, février 2011.

Après la mort de son père, alors qu’il s’apprête à quitter la maison parentale qu’il vient de vendre, Robert Lubisch trouve dans le bureau de celui-ci une boîte contenant la photo d’une inconnue et les papiers d’identité d’un SS du nom de Wilhelm Peters. Quel rapport cela peut-il avoir avec Friedhelm Lubisch, chef d’entreprise et notable de la ville ? Intrigué, Robert Lubisch entame des recherches et, après avoir découvert l’identité de l’inconnue, Therese, il rencontre la journaliste Rita Albers, qui flaire là un bon article. À peine a-t-elle retrouvé la trace de Therese, devenue héritière millionnaire d’une grande entreprise de mode, qu’elle est assassinée. C’est que Rita Albers a soulevé un coin du voile qui recouvre une sombre histoire remontant à la Deuxième Guerre mondiale. En 1939, six jeunes garçons et filles s’étaient promis d’être toujours amis. Mais la période nazie a mis cette amitié à rude épreuve : dénonciation, trahison, meurtre… de quoi susciter des rancœurs. Et Robert Lubisch est loin, très loin de soupçonner la vérité que Therese, qui n’a rien pu oublier du passé, va lui révéler.

Mechtild Borrmann nous tient en haleine jusqu’au bout, et ce qui est dévoilé à la fin de l’histoire nous surprend tout autant que Robert Lubisch. Nous suivons en fait deux histoires, l’une passée, l’autre actuelle, que l’auteur tisse avec grande habileté, sur le plan narratif aussi bien que stylistique. L’histoire « ancienne » est tout aussi prenante que l’intrigue du présent. Avec un grand raffinement d’écriture comme de style, Mechtild Borrmann fait ressentir au lecteur un peu du poids du secret, du non-dit, du silence qui, à des degrés divers, ont pesé pendant ces décennies sur la vie de tous les protagonistes. « Ce que nous appelons toujours « le destin », n’est pas quelque chose qui arrive comme ça d’en haut, comme on le croirait, mais ce sont bien les mille petites décisions que nous prenons tous les jours et avec lesquelles nous allons dans une direction bien déterminée. »

Mechtild Borrmann est née en 1960 et vit à Bielefeld. Après avoir été professeur de danse et de théâtre, elle a été plusieurs années propriétaire d’un restaurant. Elle a déjà publié deux romans policiers.

2ème prix : Süden de Friedrich Ani, Droemer mars 2011

Friedrich Ani est né en 1959, fils d’une Allemande et d’un Syrien. Il a travaillé comme reporter spécialisé dans les affaires criminelles avant de se consacrer à l’écriture. Il vit à Münich et écrit des scénarios pour la télévision, notamment pour la série Tatort, et a publié sept livres mettant en scène Tabor Süden, policier décalé, aux réactions bizarres, dont la biographie meurtrie a fait un solitaire un peu inquiétant et terriblement touchant.

Très connu en Allemagne pour cette série, il a reçu en 2010 le Prix Adolf-Grimme pour son scénario tiré de son roman « Süden und der Luftgitarrist« .

Aucun livre de cette série n’est paru en français si ce n’est Le droit du sang, paru aux Editions Serpent à plumes en août 2002.

Le droit du sang

Christophe Aranos est Nigérian et vit depuis trente ans en Allemagne. Il partage la vie d’une Allemande, Natalia Horn, et s’apprête à l’épouser. La fille d’Aranos, Lucy, bientôt quatorze ans (et donc pénalement responsable de ses actes) est née en Allemagne. Mais elle ne jouit pas de la nationalité allemande. Or, Lucy, en pleine révolte, est une vraie terreur. D’aucuns – essentiellement des militants d’extrême droite – attendent impatiemment que la justice allemande puisse la juger et l’expulser. En attendant, ils sont prêts à s’en prendre à Natalia. 

C’est alors que le chemin de Lucy croise par hasard celui du commissaire Tabor Süden, un commissaire non conformiste et révolté, qui évolue au sein de la onzième brigade de police de Munich, en charge des affaires de disparitions. 

Le Droit du sang fait écho à des problématiques communes à bien des pays européens – dont la France. Droit du sang contre droit du sol.

3ème prix : Zeugin der Toten (Le Nettoyeur)  de Elisabeth Herrmann , List Hardcover Mars 2011

Elisabeth Herrmann est l’une des voix les plus prometteuses de la littérature allemande actuelle. Elle crée avec brio des ambiances à la fois sombres et incroyablement vivantes. Son style  a fait le bonheur des lecteurs de romans policiers depuis la publication de son premier titre en 2005, livre actuellement en tournage. L’auteur vit à Berlin.

Le Nettoyeur est un livre passionnant dans lequel les rebondissements s’enchaînent et tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Judith Kepler est un «nettoyeur» – la personne qui supprime toutes les traces de la mort une fois que la police a achevé son travail sur la scène d’un crime. Après une de ces séances de nettoyage lors d’un crime particulièrement sanglant, Judith est plongée malgré elle dans le monde sombre de l’espionnage international. Elle découvre qui plus est qu’il existe un lien entre la femme assassinée – Christina Borg – et elle-même. Mais les recherches de Judith pour découvrir son lien avec Borg attirent l’attention de la CIA, de l’agence de renseignement allemande et d’inconnus peu scrupuleux qui tentent de trouver les microfilms découverts par Borg. Ces micro-films contiennent des informations d’espions est-allemands infiltrés en Occident.

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