Les producteurs indépendants britanniques ont raison d’être inquiets….

David Cameron devrait observer la stratégie du studio Paramount et de sa structure légère Paramount Insurge, pour élaborer les grandes lignes de sa politique pour l’audiovisuel britannique. Et sentir le vent qui tourne !

Les producteurs indépendants britanniques sont inquiets après que leur Premier Ministre ait récemment déclaré que les aides publiques devraient se focaliser sur les films grand public, susceptibles de faire des succès commerciaux exportables. « Si on pouvait prévoir quels films vont avoir du succès, il n’y aurait pas de problème, a ironisé Ken Loach. C’est seulement en finançant un grand nombre de projets variés, dont certains seront de grands succès, et d’autres seront originaux et créatifs, que vous aurez une industrie vivante du cinéma. »

Vivante, l’industrie du cinéma britannique l’est sans nul doute. Depuis l’oscarisé Discours d’un roi l’an dernier, une floraison de films indépendants britanniques rencontre le succès sur leur marché local et dans le monde. La cérémonie des Baftas, il y a queques jours, ont célébré comme il se doit le succès du cinéma « made in UK ». La Dame de fer avec Meryl Streep, La Taupe, My Week with Marilyn, We need to talk about Kevin (au passage, deux adaptations d’œuvres littéraires…) tous nominés en sont d‘excellents exemples. Avec des recettes qui suivent et une part de marché tant locale qu’internationale qui progresse.

Mais en y regardant de plus près, l’essentiel des revenus provient de grosses productions americano – britanniques comme Harry Potter, Pirates des Caraïbes ou Sherlock Holmes. Depuis quatre ans, la production indépendante nationale décline, tandis que les coproductions transatlantiques et les tournages de films américains dans les studios anglais atteignent des records. Les producteurs indépendants britanniques ont raison d’être inquiets….

Sans doute trouveront-ils du réconfort devant le succès de Devil Inside. Devil inside, film d’exorcisme, est le nouvel espoir du studio de Paramount qui souhaiterait faire de ce petit film d’horreur, un hit planétaire. Produit pour 800 000 $ seulement, puis acheté un million par le studio, il a récolté 34 millions de $ de recettes lors du premier week-end après sa sortie.

Car depuis le succès de Paranormal Activity en 2009, le studio Paramount a créé une structure légère baptisée Paramount Insurge, chargée de trouver chaque année une à deux pépites dont le coût ne dépasse pas le million de dollars et qui sont capables de devenir des « must see » grâce aux réseaux sociaux. Le but, échapper à la lourdeur bureaucratique du studio, tout en assurant une rentabilité unique. A Hollywood, on appelle cela « produire autrement ».

La France, quant à elle, a mis depuis longtemps en place, une politique de financement du cinéma français qui permet aujourd’hui à des réalisateurs indépendants de proposer quantité de films aussi singuliers que réussis. The Artist n’en est-il pas un magnifique exemple ?

Espérons, que l’exception britannique ne jouera pas ici en défaveur d’une production de films indépendants britanniques vivante et de qualité. Voilà qui nous priverait de magnifiques talents et créations.

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